Antoine-Louis BARYE, "Panthère saisissant un cerf"

Paris, 1796-1875

Panthère saisissant un cerf

Achat de la ville en 1857

Bronze à patine brune

Panthère saisissant un cerf © Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché F.Deval
 
 
Dans son groupe animalier, Barye met en scène un combat bien inégal entre un cerf et une panthère qu’il traduit par des lignes mouvementées. La grande diagonale du fauve se jetant sur sa proie, les courbes et contre-courbes du cerf qui tente de résister à cet assaut situent cette œuvre dans son époque, celle du romantisme, avec son goût pour le mouvement, le paroxysme et la violence. Pourtant, ce sculpteur, surnommé le « Michel-Ange de la Ménagerie» (L’Illustration, 19 mai 1866, p.315) par Théophile Gautier (1811-1872), rend avec exactitude, par un ciselage précis des surfaces, les détails de l’anatomie et des pelages.
 
Fils d’un orfèvre parisien, Antoine-Louis Barye fut placé très tôt chez Fourier, un graveur sur acier qui fabriquait des matrices pour les parties métalliques des uniformes de la Grande Armée. Initié à toutes les techniques du traitement du métal, il devint un ciseleur hors pair. Il entra ensuite à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1818 et se forma dans l’atelier du sculpteur académique François Joseph Bosio (1768-1845) et, parallèlement, dans celui du peintre Antoine-Jean Gros (1771-1835), l’un des premiers peintres romantiques. La réaction du Salon à ses premiers envois le déçut et l’obligea à entrer chez l’orfèvre Fauconnier chez lequel il exécuta des objets décoratifs et des figurines d’animaux. Durant cette période, il compléta aussi ses connaissances en étudiant les ouvrages scientifiques de Cuvier et en fréquentant assidûment avec Eugène Delacroix le Jardin des Plantes à Paris et le laboratoire d’anatomie pour dessiner les animaux. Il se fit connaître du public en exposant le Tigre dévorant un gavial au Salon de 1831 et  le Lion au serpent à celui de 1833, ce qui lui valut le soutien du duc d’Orléans ainsi qu’une importante commande, malheureusement interrompue par la mort accidentelle du duc.
 
Refusé à plusieurs reprises au Salon, il décida de ne plus y participer et d’entreprendre une carrière en marge des milieux officiels en créant sa propre fonderie afin d’y éditer lui-même ses bronzes. La Révolution de 1848 le ruina mais dès 1850 il fit son retour au Salon avec deux œuvres qui furent très admirées et lui valurent des commandes de l’Etat, des emplois officiels et une belle fin de carrière.
 
Le musée des Beaux-Arts de Bordeaux a la chance de posséder cinq bronzes de Barye : trois figures, Le roi Charles VII de 1836, Thésée combattant le Minotaure de 1843 et Guerrier tartare arrêtant son cheval de 1845 ainsi que deux groupes animaliers, la Panthère de 1857 et Tigre et antilope de 1862. Le goût pour la représentation animalière chez Barye l’amène toujours à associer un animal quand il traite une figure humaine.
 
La place de Barye dans la sculpture du 19ème siècle est très importante. En effet, il a su créer des thèmes nouveaux : au moment où seule la figure humaine était jugée digne d’être sculptée, il a donné une vraie place à l’art animalier.  Il a fait la promotion de la technique du bronze, alors que ses contemporains utilisaient davantage la pierre ou le marbre. Il a également imposé ses formats, souvent de petite taille, à une époque où on privilégiait la sculpture monumentale. Il a ainsi su donner leurs lettres de noblesse aux arts décoratifs.
Image de "Panthère saisissant un cerf" Barye

"Panthère saisissant un cerf" Barye © Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché F.Deval