Abraham HONDIUS, "Adoration des bergers"

(Rotterdam, vers 1625 – Londres, après 1695)

Adoration des bergers

Signé et daté en bas à droite : Abraham Hondius A° 1671.
Huile sur bois : Hauteur :  77,5cm. Largeur :  61,5 cm.
Historique : Achat de la ville avec la participation du F.R.A.M. Aquitaine et de Mécénart Aquitaine, 1988.

Dans cette scène nocturne, la Vierge, vêtue d’un manteau bleu et d’une robe rouge, se penche pour découvrir l’Enfant Jésus dans sa crèche, rayonnant de lumière. A sa droite, saint Joseph incline la tête du bœuf afin qu’il réchauffe l’Enfant de son souffle. Près de lui, un ange accompagne un berger qui s’agenouille, ébloui à la vue du nouveau-né. Dans la pénombre et parmi d’autres adorateurs, une fermière s’avance, portant sur la tête une corbeille avec un couple de pigeons. Une gloire d’anges et d’angelots vole dans le ciel et entoure l’ange de l’Annonce aux bergers qui déploie un phylactère portant en lettres d’or : Gloria in excelsis Deo (Gloire à Dieu au plus haut des cieux).

Dans ce thème traditionnel de la Nativité (Luc, 2, 16-20), Abraham Hondius s’attache à donner une valeur symbolique aux animaux : l’agneau évoque le futur sacrifice du Christ, le coq son triomphe sur les ténèbres et le couple de pigeons l’exaltation de l’amour pur et anticipe la présentation de Jésus au temple.

Une Annonce aux bergers (1670) du même auteur (La Haye, Dienst Verspreide Rijkskollekties, ancienne collection du Dr. V. Bloch) présente une analogie de format, mais le tableau de Bordeaux a une composition plus libre et plus mouvementée. Sa théâtralité atténue quelque peu l’émotion et l’intimité que la scène inspire habituellement aux peintres.

Les couleurs chaudes et dorées de cette scène nocturne contrastent avec le blanc immaculé du linge de l’Enfant Jésus, des ailes et de la tunique de l’ange.

Abraham Hondius fait partie des meilleurs représentants de la tendance baroque hollandaise des années 1660-1680. S’il reste connu pour ses sujets cynégétiques, il a peint aussi des scènes religieuses uniquement à partir du Nouveau Testament et essentiellement l’Annonce aux bergers et l’Adoration des bergers. Ses peintures sont inspirées de l’école utrechtoise de la fin du 16e et du début 17e siècles, comme Abraham Blommaert (1626-1683), Joachim Wtewael (v. 1566-1638) ou Gerrit van Honthorst (1590-1656), voire de Luca Cambiaso (1527-1585) que Hondius aurait étudié à Gênes entre 1654 et 1659.

Le tableau bordelais est la version la plus tardive d’une série d’au moins six Adoration des bergers (collection particulière, New York ; 1663, collection particulière, La Haye ; 1663, Rijksmuseum d’Amsterdam ; 1664, Rijksmuseum d’Utrecht ; 1669, vente de la collection Barbiers, Bruxelles, 12 juin 1912). On y voit une inversion de la composition du tableau d’Amsterdam, mais Hondius atténue le dynamisme de celle-ci pour se concentrer sur la lumière émanant du Christ et sur l’ange, peint dans une « sorte d’idéalité classique ».

Image de L'Adoration des bergers © Musée des Beaux-Arts de Bordeaux. Photo : L. Gauthier.

L'Adoration des bergers © Musée des Beaux-Arts de Bordeaux. Photo : L. Gauthier.