Nicolaes MAES, "Portrait de femme", "Portrait d’homme"

(Dordrecht, 1632 - Amsterdam, 1693)

Portrait de femme

Signé et daté en bas à gauche : N. Maes1680. Huile sur toile.
Hauteur 66,5 cm. Largeur 53 cm.

Portrait d’homme

Signé en bas à droite : N. Maes, Huile sur toile.
Hauteur 66,5 cm. Largeur 53,7 cm.
 Historique : Ancienne collection Lacaze. Achat de la Ville, 1829.

Considérés comme deux pendants depuis leur acquisition au XIXe siècle, ces portraits présentent un homme et une femme, vus en trois-quarts devant un drapé et un paysage, appuyés contre un socle en pierre ou celui d’une colonne.
Les deux modèles, qui n’ont toujours pas été identifiés, appartenaient sans doute à la riche bourgeoisie amsterdamoise qui était influencée par les fastes des cours voisines et, en premier lieu, celle de Versailles. Loin des portraits austères de la première moitié du XVIIe siècle, ces deux peintures témoignent de l’influence indéniable des écoles flamande (notamment de Van Dyck) et française (en particulier de Pierre Mignard).
Les modèles bordelais prennent la pose un peu convenue de la notabilité européenne. La femme désigne trois roses posées sur le socle en pierre. Ces fleurs peuvent rappeler la brièveté de la vie humaine, ce que confirmerait l’état détérioré du support, mais aussi une évocation symbolique des enfants.
La rigueur de la composition, quoique théâtrale avec le rideau rouge, la lumière froide d’une égale intensité qui valorise les personnages et les accessoires, ainsi que la remarquable maîtrise de la technique rappellent le talent de Nicolaes Maes, trop souvent jugé comme « facile » ou « surfait ».
 
Au début de sa carrière, Maes, ancien élève de Rembrandt, témoigna d’indéniables qualités dans la peinture d’histoire (Christ bénissant les enfants, 1652-1653, Londres, National Gallery) et de genre (Jeune fille à la fenêtre, 1650-1660, Amsterdam, Rijksmuseum) en s’inspirant de la peinture de son maître. Après son installation définitive à Amsterdam vers 1673, Maes se consacra principalement au portrait qu’il pratiquait depuis une vingtaine d’années. Pour répondre à une demande importante, il développa une production « de série » qui donna une certaine uniformité dans la présentation des modèles, avec le cadre d’une architecture à l’antique, la vue d’un jardin d’agrément, le détail des costumes et la pose des personnages. Les hommes, par exemple, ont presque toujours la main sur la hanche et s’accoudent à un élément d’architecture, l’index d’une main pointé vers le sol.
Malgré la « standardisation » de sa production, Maes dépasse par sa technique nombre de ses confrères dans le portrait, comme on le voit chez Frans Mieris le Vieux (1635-1681), Caspar Netscher (1639-1684) ou Helst (1613-1670).
Image de "Portrait de femme et Portrait d'homme"© Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L. Gauthier

"Portrait de femme et Portrait d'homme"© Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L. Gauthier