Achat de la ville : Le Tasse en prison visité par Montaigne, Fleury-Richard

Fleury-Richard (1777-1852)

Le Tasse en prison visité par Montaigne, vers 1822, huile sur toile, 120x65 cm, achat par la Ville.


 

Biographie
Elève de Louis David, Fleury-Richard est l’un des plus éminents représentants de l’École lyonnaise et de la peinture de style troubadour qui, dans la première moitié du XIXe siècle, ouvrit la voie au romantisme et à l’historicisme. 

Partageant sa carrière entre Paris et sa ville natale de Lyon, il connut la notoriété dès le salon de 1802 avec sa célèbre Valentine de Milan pleurant la mort de son époux Louis d’Orléans (Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage), devenue l’icône du genre troubadour. À mi-chemin entre la peinture d’histoire et la scène de genre, ce courant pictural puisa son inspiration autant dans le goût de l’époque pour le Moyen Age, la Renaissance et le XVIIe siècle que dans celui pour la peinture nordique du Siècle d’or. 

 

L’œuvre 

La scène représentée se réfère ici à un fait historique avéré, à savoir la rencontre entre Montaigne et Le Tasse (1544-1595) en 1581. Poète au style épique qui connut la gloire à la cour de Ferrare (Italie) avant de sombrer dans des tourments intérieurs, Le Tasse fut interné pendant sept années à l’hôpital d’aliénés de Sainte-Anne de Ferrare. Montaigne rapporta la visite qu’il lui fit dans le chapitre XII des Essais – dont on peut signaler que l’unique exemplaire manuscrit, inscrit au patrimoine de l’Unesco en mai 2023, est conservé à la Bibliothèque Mériadeck de Bordeaux, la ville natale de Montaigne et dont il fut maire dans les années 1580.

La théâtralité de la composition, accentuée par la rhétorique gestuelle et par le contraste dramatique entre la pénombre enveloppant Montaigne et le geôlier, tout autant que les rais de lumière jaillissant de l’entrée du lugubre souterrain et éclairant violemment la figure tourmentée du prisonnier sont autant de qualités inhérentes au genre. Une attention fine et précise a été apportée par l’artiste au traitement des costumes, des physionomies ainsi que des coiffures.

L’entrée de cette œuvre au sein des collections du musée des Beaux-Arts de Bordeaux permet de compléter la collection XIXe, en faisant le lien entre la peinture hollandaise, source d’inspiration des peintres troubadour, et le romantisme, point fort de la collection du musée autour des chefs-d’œuvre de Delacroix, en passant par le néoclassicisme davidien.
Une autre version de la même scène, légèrement plus grande et présentant quelques différences notamment dans le traitement du paysage, se trouve au musée des Beaux-Arts de Lyon.

 

Le Tasse en prison visité par Montaigne, vers 1822, Fleury-Richard © Mairie de Bordeaux

Le Tasse en prison visité par Montaigne, vers 1822, Fleury-Richard © Mairie de Bordeaux